Des anciens présidents de cours supérieures européennes écrivent une lettre au STF
Dans une lettre ouverte adressée au Tribunal Suprême Fédéral (STF), trois ex-présidents de cours supérieures d’Europe affirment que « tant que l’ex-président Lula n’aura pas son innocence et sa liberté pleinement rétablies, la justice brésilienne ne récupérera pas sa crédibilité. »
Le document est signé par Tomás Quadra-Salcedo, ex-président du Conseil d’Etat d’Espagne de 1985 à 1991 et l’ex-ministre de la justice du même pays, par Franco Gallo, qui a présidé la Cour Constitutionnelle d’Italie en 2013, et par Giuseppe Tesauro, qui a commandé le même tribunal supérieur en 2014.
Citant des analyses de leurs collègues du monde entier et le reportage de Fuite-Express, divulguées par le site The Intercept, ils affirment que « L’opération Lavage-Express, sous prétexte de combattre la corruption, s’est transformée en parti politique, contribuant à la destitution de Dilma Rousseff en 2016, de même pour la persécution politique contre l’ex-président Lula. Cette persécution a fonctionné, car elle a permis l’élection de Jair Bolsonaro à la présidence de la République. »
Selon eux, « en raison des procédures illégales et immorales adoptées contre l’ex-président Lula, la justice brésilienne traverse aujourd’hui une véritable crise de crédibilité. ». »Dès lors, il est essentiel que les juges de la Cour Suprême exercent pleinement leur rôle de garants du respect à la Constitution et mettent fin aux injustices commises par les promoteurs et par l’ex-juge Sergio Moro. »
Lisez la version intégrale de la lettre :
Aux collègues magistrats du Tribunal Suprême Fédéral,
En tant qu’ex-présidents de Cours Supérieures de Justice, nous aimerions appeler à la réflexion nos collègues magistrats du Tribunal Suprême Fédéral et, de manière plus large, l’opinion publique de ce pays à propos des vices de forme des procès intentés contre Lula.
Comme cela a déjà été mentionné par plusieurs collègues, brésiliens et d’autres pays du monde, les révélations du journaliste Glenn Greenwald et son équipe d’information The Intercept, en collaboration avec les journaux Folha de S.Paulo et El Pais, la revue Veja et d’autres médias, ont renforcé la nature politique de l’accusation contre Lula. Ces révélations ont de même confirmé aux yeux du monde, comme l’a toujours été affirmé par Lula et ses avocats, le caractère tendancieux de l’ex-juge Moro et du ministère public et, pour résultat, l’absence d’un jugement équitable et indépendant contre l’ex-président.
Ces révélations ont confirmé que l’opération Lavage Express, sous prétexte de combattre la corruption, s’est transformée en un parti politique, contribuant à la destitution de Dilma Rousseff en 2016, de même pour la persécution politique contre l’ex-président Lula. Cette persécution a fonctionné, car elle a permis l’élection de Jair Bolsonaro à la présidence de la République.
À une époque où les démocraties sont mises à l’épreuve par l’ascension de l’extrême-droite, et spécialement au Brésil, la justice doit être érigée comme un bastion contre l’autoritarisme et l’arbitraire. Or, en raison des procédures illégales et immorales adoptées contre l’ex-président Lula, la justice brésilienne traverse aujourd’hui une véritable crise de crédibilité. Dès lors, il est essentiel que les juges de la Cour Suprême exercent pleinement leur rôle de garants du respect à la Constitution et mettent fin aux injustices commises par les promoteurs et par l’ex-juge Sergio Moro. Tant que l’ex-président Lula n’a pas son innocence et sa pleine liberté rétablies, la justice brésilienne ne récupérera pas sa crédibilité. Le manque de confiance dans le système judiciaire brésilien corrompt l’état de droit et la démocratie, avec des répercussions pour tous les juges du monde.
Tomás Quadra-Salcedo
Franco Gallo
Giuseppe Tesauro
Revista Fórum | Traduit par Marc Cabioch