22 août 2019

La Seconde Réunion internationale du «Front des Brésiliens pour la démocratie et contre le coup d’État» (FIBRA), qui a eu lieu à Berlin du vendredi 16 au dimanche 18 décembre 2018, a défini 11 objectifs prioritaires pour son programme de lutte des deux prochaines années.

Fondée officiellement lors de sa première réunion tenue à Amsterdam en janvier 2017, le FIBRA regroupe aujourd’hui plus de 80 organisations et mouvements existant dans 40 pays d’Europe, aux États-Unis et au Canada, en Amérique latine, ainsi qu’au Brésil, en Israël et en Australie. Plus de 250 personnes du monde entier, appartenant à des organisations des plus diverses et unies dans la lutte pour la démocratie au Brésil, ont assisté à cette réunion.

La fondation Rosa Luxemburg, liée au parti allemand Die Linke, a été l’hôte de la réunion et a apporté à celle-ci tout son soutien technique et logistique. Les invités suivants y ont participé : Marcia Tiburi, philosophe et écrivaine, et Jean Wyllys, ex-député fédéral du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), qui vivent tous deux hors du Brésil en raison des menaces qu’ils ont reçues, Renata Souza, députée du PSOL à Rio de Janeiro, Breno Altman, journaliste, rédactrice en chef du site Opera Mundi, membre du Comité Lula libre au Brésil, et Maria Dantas, Brésilienne de naissance et Espagnole de nationalité, membre du Congrès espagnol de l’Alliance républicaine de Catalogne.

Le succès d’une réunion de groupes aussi différents et hétérogènes n’a été possible que grâce aux efforts méthodologiques des organisateurs de l’événement. Il a été possible, au terme de réunions de cinq groupes de travail et de séances plénières, de définir onze objectifs que le FIBRA et ses organisations membres visent à atteindre par leurs activités et les innombrables actions résultantes. Il est impossible de décrire les nombreuses dizaines d’actions proposées et nous en présenterons ci-dessous le plus grand nombre possible.

Les objectifs du FIBRA pour les deux prochaines années sont les suivants:

  • Réfléchir sur le rôle géopolitique du Brésil, sa situation après le coup d’État et l’élection de Jair Bolsonaro. Ces actions comprennent la description du rôle joué par les entreprises multinationales au sein de l’économie brésilienne et le développement entre autres des connaissances sur l’agriculture familiale au Brésil.
  • Lutter pour la libération de l’ex-président Lula et de tous les prisonniers politiques du pays, a été un des thèmes traités tout au long de la réunion. Il a réaffirmé la conviction que l’épine dorsale de la lutte pour la démocratie au Brésil passe par la lutte pour la libération de l’ex-président et la dénonciation de la persécution juridique et médiatique organisée contre lui. L’une des actions proposées a été que les organisations et les personnes envoient des lettres à «Transparency International», qui a attribué son prix de l’année 2016 à “l’Opération lavage express» (Operação Lava Jato), pour en demander son annulation, et pour montrer, par une série de faits connus et de preuves, que l’opération n’était rien d’autre qu’un complot politique déguisé en lutte contre la corruption, comme l’ont révélé les publications de «The Intercept» et d’autres médias.
  • Consolider le FIBRA en tant que plate-forme d’unification de ses organisations et des luttes des villes où celles-ci sont implantées, telles que la lutte pour les droits des immigrants et des réfugiés dans les pays d’Europe où ceux-ci sont menacés par la vague fasciste croissante qui se propage dans le monde entier.
  • Organiser de façon intransigeante la défense des droits de la personne, la dénonciation du fascisme, du racisme, de toutes les formes de haine dirigées contre des groupes menacés tels que les LGBTI, les Premières nations indigènes, les «Quilombolas» (descendants des Noirs qui avaient fui l’esclavage et s’étaient réfugiés dans les «quilombos»), les femmes prises pour cibles et victimes de féminicides, les pauvres, les habitants de taudis, entre autres.
  • Combattre le racisme et les pratiques coloniales et néocoloniales qui subsistent et renaissent.
  • Élever le niveau culturel et de conscience politique. Lutter pour le droit à l’éducation au Brésil.
  • Développer le dialogue avec les groupes religieux de toutes les origines.
  • Devenir un forum permanent de solidarité avec les migrants, les immigrants et les réfugiés, thème de grande importance aux États-Unis et en Europe.
  • Défendre l’environnement et les droits des peuples autochtones et des autres peuples traditionnels. L’accent a été mis sur l’agression contre l’Amazonie, objet de profonde inquiétude dans le monde entier. Deux prestigieuses publications allemandes, «Der Spiegel» et «Die Zeit», ont lancé un appel au gouvernement allemand pour qu’il prenne des mesures de représailles contre le Brésil. La Norvège et l’Allemagne ont annulé l’envoi au gouvernement Bolsonaro de fonds pour la protection de l’Amazonie.
  • Défendre les droits des travailleurs et les organisations syndicales.
  • Lutter pour la démocratisation des médias.

Cet agenda est ambitieux, mais correspond à l’ampleur et à la variété de la composition du FIBRA. Au cours de la réunion, plusieurs ateliers artistiques relatifs au cinéma, à la photographie, à la poésie, à la musique, à la danse et au théâtre, ainsi que des présentations très animées ont eu lieu au cours des débats. Une évaluation de la situation brésilienne a été réalisée, et celle-ci a conclu que la capacité de résistance dont fait preuve la population est bien plus grande qu’elle n’en a l’air, comme l’ont montré les grandes manifestations organisées en faveur de l’éducation, la grève générale de juin, la manifestation de marguerites, des femmes et des peuples autochtones, entre autres. Tout au long de la réunion, les participant ont souligné l’importance de créer un front démocratique, en cette période où les différentes gauches et les mouvements populaires sont sur la défensive.

La réunion s’est terminée par un cortège allant du siège de la Fondation Rosa Luxemburg aux vestiges de l’historique mur de Berlin, à proximité, où une lettre de l’ex-président Lula, adressée aux participants à la réunion, a été lue. Tout s’est terminé par le cri unanime : LIBÉREZ LULA!

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Crédit : Ana Rojas

Crédit : Sérgio P. Cruz

Outras Palavras | Traduit par Antônio Artuso. Révision: Marc Cabioch.