Le syndicalisme international pour la défense de la démocratie au Brésil
Le 13ème Congrès de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) qui s’est tenu en ce mois d’octobre a réuni environ une centaine de représentants d’organisations syndicales amies de quarante pays.
Ce fut une occasion unique d’échanger des analyses et des expériences sur les défis auxquels la classe ouvrière mondiale est confrontée aujourd’hui face aux défis posés par les chaînes de production mondiales, face à la prédominance de la mondialisation financière et aux attentes du travail dans l’avenir.
Ces changements de paradigme productif, comme l’a indiqué l’économiste Samir Amin décédé récemment, ont transformé une situation moyenne de 80 % de travailleurs stables dans les pays industrialisés et de 20 % instables à la fin des années 1970 en une moyenne actuelle de 40 % stables, 40 % instables et 20 % sans emploi d’aucune sorte.
Par ailleurs on a constaté une détérioration délibérée de la démocratie dans de nombreux pays pour mettre en œuvre ce nouveau modèle productif et placer les intérêts du capital, des entreprises, des banques et des fonds d’investissement au-dessus des droits et intérêts de l’ensemble des sociétés.
Ce problème doit également être abordé par le mouvement syndical. En plus de se renouveler et d’obtenir la représentation de tous les travailleurs, qu’ils soient stables, instables ou sans emploi, la solidarité syndicale est une valeur qui doit être cultivée de plus en plus et, au moment où la CUT a vécu 36 ans, la plus longue existence d’une centrale syndicale au Brésil, cette solidarité se manifeste par l’intermédiaire des invités internationaux.
Outre le soutien explicite apporté à la lutte de la CUT contre les réformes néolibérales et anti-travailleurs du gouvernement Bolsonaro, la défense de la liberté du président Lula a également été unanime.
Les dirigeants principaux de l’AFL-CIO (Fédération américaine du travail – Congrès des organisations industrielles) des États-Unis, Richard Trumka et de l’UGT (Union générale des travailleurs) d’Espagne, José “Pepe” Alvarez ont rendu visite à Lula en prison à Curitiba pour lui témoigner sa solidarité et défendre sa liberté immédiate face aux condamnations absurdes motivées politiquement.
En outre, tous deux lui ont décerné des prix des droits de l’homme institués par ces deux importantes centrales syndicales. Le prix des Droits de l’Homme George Meany – Lane Kirkland a été décerné à Lula à l’unanimité par la direction exécutive de l’AFL-CIO états-Unis. C’est un honneur qui existe depuis des années et qui a été remis à des institutions et à des personnes qui se sont distinguées dans la défense des droits des travailleurs et des droits de l’homme en général.
Parmi les syndicalistes honorés, on peut mentionner Elle Ramesh Bhatt fondatrice de la SEWA (Association des travailleuses automatiques) de l’Inde; Han Sang-gyun, président de la centrale syndicale combative KCTU de Corée du Sud, arrêté pour plusieurs années pour avoir mené des grèves et Wellington Chibebe président de la ZCTU (Confédération des syndicats du Zimbabwe) et militant du mouvement de démocratisation de ce pays sous le gouvernement Robert Mugabe.
De même que Kim Dae Jung, président de la Corée du Sud de 1988 à 2003 et lauréat du prix Nobel de la paix en 2000 en raison de son engagement pour la détente dans la péninsule coréenne et de la politique de rapprochement avec la Corée du Nord, et Luis Eduardo Garzon, ancien président de CUT – Colombie, puis maire de Bogota pour ses efforts en faveur de la paix dans son pays.
Le prix offert à Lula par UGT vient d’être créé lorsque cette centrale syndicale a célébré son anniversaire de 130 ans et il a été le premier à le recevoir. Les deux syndicalistes se sont également engagés à intensifier la lutte pour “Lula Libre” dans leurs pays respectifs, en plus de Pepe qui est également vice-président de la CES (Confédération européenne des syndicats) chercher à l’engager plus efficacement dans la campagne.
Cette reconnaissance est de la plus haute importance et s’ajoute aux manifestations de nombreuses personnalités, institutions, juristes et politiques du monde entier préoccupés par la défense de Lula et de la démocratie brésilienne.
Traduit par Francis Gast.