Le tour d’Europe de Lula da Silva a mis en évidence le prestige international de l’ex-président
L’ancien président Lula da Silva est retourné au Brésil après environ deux semaines de voyage à travers l’Europe pour discuter de la lutte contre les inégalités. Au cours de son séjour, il a traversé trois pays et a également abordé des sujets tels que l’environnement, l’avenir du travail et la financiarisation de l’économie avec des personnalités politiques, intellectuels, des syndicats et militants les plus divers. Le succès du voyage révèle le prestige de l’ancien président, historiquement considéré comme une icône internationale dans la lutte contre les inégalités.
Lula a commencé la tournée à Paris le 1er mars, puis s’est rendue à Genève et à Berlin, remplissant un programme intense de réunions, conférences et débats.
Berlin
Le dernier rendez-vous a eu lieu hier (11 mars) dans la nuit, quand il a rencontré le président de la FES (Fondation Friedrich-Ebert), Kurt Beck, après avoir rencontré Martin Schulz, ancien président du Parlement Européen et membre du Parti Social-Démocrate d’Allemagne .
Schulz, qui s’était rendu à Curitiba pour rendre visite à Lula pendant sa captivité politique, a de nouveau défendu l’innocence de l’ex-président: «Si Lula avait été candidat, Bolsonaro n’aurait pas été élu. Ils ont jeté le candidat favori en prison et cela a bien l’air d’un coup d’État. Je ne suis pas avocat, mais je vois que la loi a été tordue pour servir leurs intentions. Lula n’a pas été traité selon les règles de droit”, a-t-il dit.
Lula avait déjà rencontré d’autres membres du SPD: Niels Annen, député du parlement allemand, et le président du parti, Norbert Walter-Borjans. Il s’est également entretenu avec le chef du parti Die Linke (La Gauche), Bernd Riexinger, et des personnalités politiques du Parti de la gauche européenne, en plus de l’ancienne ministre allemande de la Justice Herta Däubler-Gmelin.
Dans la capitale allemande, l’ancien président a assisté à deux conférences. Le 9, il s’est joint aux représentants syndicaux pour discuter de la situation actuelle de la classe ouvrière. «Les pauvres et ceux qui en ont le plus besoin continuent de payer le prix des crises financières. Il faut créer une vague mondiale contre la concentration des richesses pour combattre les racines des inégalités », avait-il alors déclaré.
Le lendemain, il a assisté à un débat organisé, entre autres, par l’Initiative allemande et le Comité Free Lula à Berlin. Le thème, intitulé «La défense de la démocratie au Brésil», a réuni presque 800 personnes, provenant de différents coins du monde.
L’ordre du jour à Paris et à Genève était également chargé.
Paris
À Paris, l’ex-président a rencontré le leader français Insoumis Jean-Luc Mélenchon et plus tard l’ancien président François Hollande. Les anciens chefs d’Etat ont évoqué “la question du climat et la lutte contre les inégalités, qui doivent être au centre de toutes les luttes aujourd’hui et pour toujours”, a rapporté Hollande. En fin de journée, la maire Anne Hidalgo a donné à l’ancien président Lula le titre de citoyen d’honneur de la Ville de Paris, pour sa lutte contre les inégalités et la faim.
Toujours à Paris, Lula a rencontré l’un des économistes les plus influents de ces dernières années, l’auteur de “Le Capital au 21ème siècle”, Thomas Piketty.
En outre, il a reçu le témoignage de la solidarité des Parisiens et des militants lors du Festival Lula Libre, organisé entre autres par le Comité de Solidarité à Lula et pour la Démocratie au Brésil – Libérez Lula. Lors de l’événement, Lula s’est de nouveau exprimé sur la persécution politique et judiciaire qu’il subit: «Malheureusement, au Brésil, Lava Jato était un pacte politique entre la Justice et la presse. D’abord, la presse condamne, puis ce sont les juges du tribunal», a-t-il dit.
Enfin, il a rencontré l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta et l’ancien président français Nicolas Sarkozy, pour qui les préjugés de Moro étaient largement affichés lorsqu’il a accepté de faire partie du gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro.
Dans les deux conversations, l’escalade mondiale de l’autoritarisme était un sujet de préoccupation.
Genève
De Paris, l’ex-président s’est rendu à Genève le 5 mars, où il a rencontré le directeur de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Richard Kozul Wright, et a parlé de Lawfare et Droits de l’Homme avec l’ancien ministre Paulo Sérgio Pinheiro.
Au Club Suisse de la Presse, l’ancien président a souligné la résurgence des valeurs humanitaires dans le monde lors d’un débat public auquel a participé le secrétaire général d’IndustriALL, Valter Sanches, le directeur national du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre / MST, João Paulo Rodrigues, et des représentants du Comité Lula Livre de Genève. Da Silva a également rencontré John Shipton, le père de Julian Assange, en solidarité avec le fondateur de Wikileaks.
Lula a également visité le Conseil œcuménique des Églises pour débattre de la lutte contre les inégalités et du rôle des Églises dans ce processus.
Après la conférence, le secrétaire général de l’entité, Olav Fykse Tveit, a déclaré qu’ils vont travailler «ensemble pour la justice et la paix» et que Lula est «le nom que nous ne pourrons jamais oublier. […] Un homme passionné par la justice sociale, l’égalité des droits et de l’accès à l’emploi et par l’économie équitable. »
Le dernier rendez-vous de Lula da Silva à Genève fut une réunion avec le directeur général de l’Organisation Internationale du Travail, Guy Ryder, au cours de laquelle il a abordé “les changements dans le monde du travail et le recul des droits des travailleurs au 21e siècle”, d’après ce que l’ex-président a divulgué sur son compte Twitter.
Il s’agit du deuxième voyage de Lula en Europe cette année. En février, l’ancien président a été reçu au Vatican par le pape François. À Rome, il a rencontré le juriste Luigi Ferrajoli et Franco Ippolito, président de la Fondation Basso, et a participé à un événement avec la Confédération générale italienne du travail / CGIL et le Comité italien Free Lula.
Traduit par Francis Gast.